Project Description
MONTPELLIER (Hérault)
Quartier de la Restanque
Commanditaire : VILLE DE MONTPELLIER
Groupement : DUSAPIN § LECLECQ ARCHITECTES URBANISTES / JM RAMEAU PAYSAGISTE
Consultation d’urbanisme et de maîtrise d’œuvre
140 ha
2008
– le parcours de l’eau à ciel ouvert, depuis les bassins de rétention des parcelles privées jusqu’aux lits des cours d’eau retrouvés ;
– l’implantation d’une double végétation, celle caduque et unitaire des avenues et rues, à référence agricole et celle persistante et diverse des parcs publics et des jardins privatifs, à référence horticole ;
– le stockage sur le site des déblais générés par les futures opérations du quartier (parkings souterrains) et la mise en œuvre systématique de soutènement par gabion.
– que le réseau de récolte des eaux en surface soit prioritairement restauré dans l’espace public, tandis que la réalisation de bassins de rétention sera progressivement mise en place dans les espaces privatifs ;
– qu’un premier parc serve de pépinière capable d’approvisionner en plantes l’ensemble des projets d’espaces publics, pendant toute la réalisation du futur quartier ;
– que le site d’un second parc soit le lieu de la mise en forme des déblais générés par l’aménagement du nouveau quartier, parc imaginé comme le pendant de l’esplanade du Peyrou, bien connue des Montpelliérains, promontoire artificiel réalisé au XVIIIe siècle situé, quant à lui, à l’Ouest de la ville.
LES TROIS PRINCIPES PAYSAGERS DU NOUVEAU QUARTIER.
A/ Le parcours de l’eau dans le nouveau quartier du Lantissargues.
C’est un élément fondamental pris en compte dans le projet, car l’eau qui coule sur le sol lit la topographie du lieu, révèle les pentes du site.
De plus, cette eau traverse Montpellier, se jette dans le Lez, rejoins la mer, est l’expression du tropisme de la ville.
Aujourd’hui, ignoré car redouté, ce parcours de l’eau a vocation à participer à l’identité du nouveau quartier grâce à une relation basée sur la compréhension des deux bassins versants qui l’intéressent, le bassin du Lantissargues dans sa moitié nord et le bassin versant de la Croix d’Argent pour sa moitié sud.
Le caractère difficilement contrôlable de cette eau offre une possibilité de transformer cette contrainte technique en une occasion d’une plus grande visibilité dans une gestion qui vise avant tout à ralentir le cheminement de l’eau.
Il s’agit ici d’exprimer le parcours de l’eau dans l’espace de manière lisible, c’est-à-dire à la fois en surface et à la fois de manière la plus continue possible.
I- Des toits aux bassins…
Il s’agit de recueillir les eaux de ruissellement des toitures de chaque opération et de les retenir un temps sur la parcelle au moyen de bassins de rétention, avant qu’elles ne poursuivent leurs parcours gravitaires à ciel ouvert.
Tout l’effort vis-à-vis de cette problématique est ici de ralentir le cheminement de l’eau.
Son stockage permet l’irrigation ou l’arrosage des plantations des jardins privatifs.
Cette association entre présence de l’eau et végétation est naturellement gage d’un bon développement de ces jardins.
II- …suivant les rigoles…
Le traitement apparent des eaux de ruissellement est un principe privilégié qui enrichit l’urbanité du nouveau quartier.
Il trouve son expression dans un réseau de rigoles qui guide les eaux de pluie en reliant fonctionnellement et spatialement espaces privés et espaces publics.
Des surfaces permettant le stockage des eaux de ruissellement, sont trouvées au moyen de la réalisation d’aires inondables de faible profondeur.
III- … le long de la rivière…
Au-delà de leur fonction de réceptacle des eaux propres du quartier, l’enjeu est la réappropriation des cours d’eau, le Lantissargues et la Croix d’Argent par la réouverture à terme de leur lit dans la totalité de leur traversée du nouveau quartier, ainsi que le réaménagement de leurs berges, afin qu’ils constituent des lignes de vie du nouveau quartier.
Le Lantissargues est sur sa rive gauche traité en quai sur lequel passe la voie de desserte du quartier dense situé en retrait, tandis que la rive droite est aménagée en promenade, côté parc.
Sur le tracé de La croix d’Argent, une noue plantée borde une piste cyclable réalisée tout le long de la rue du Mas St Pierre.
Dans le même esprit, le carrefour de l’avenue Jacques Fabre de Morihon avec la rue du Mas Argelliers ainsi que celui de la rue du Mas St pierre avec la rue Montels Eglise, situés tous deux, en point bas sur leur parcours, sont traités en bassin d’expansion où l’eau est présente lors des épisodes pluvieux intenses.
Ils symbolisent l’utilisation de techniques alternatives dans le nouveau quartier.
B/ Le couvert végétal du nouveau quartier des Près d’Arènes.
Au-delà de la création d’un utile cadre verdoyant, répondant aux exigences d’une approche environnementale de l’urbanisme, un des rôles dévolus à la végétation est de participer à une lecture simple de la ville en implantant des horizons végétaux contrastés.
Un jeu entre végétation caduque et végétation persistante est ainsi mis en œuvre, de manière à établir le couvert végétal le plus dense de la ville.
Ce couvert est constitué d’une trame caduque composée des alignements arborés dans laquelle s’inscrivent les motifs persistants des jardins.
I- La végétation caduque et unitaire des avenues et rues.
a) La strate arborée implantée orientée est ouest.
Toutes les avenues, rues, ruelles orientées est ouest bénéficient de plantation d’arbres d’essences caduques.
Ils peuvent être à grand développement tels le micocoulier (Celtis australis), le tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera), l’arbre aux 40 écus (Ginkgo biloba), à moyen développement tels l’érable de Montpellier (Acer monspessulanum), l’aulne de Corse (Alnus cordata), le savonnier (Koelreuteria paniculata), ou à petit développement tels l’arbre de Judée (Cercis siliquastrum), le lilas d’Inde (Lagerstromia indica), le margousier (Melia azedarach), en fonction du gabarit des voies concernées.
Dans une volonté de diversité, chacun de ces espaces publics linéaires se caractérise par le choix d’une essence unique, qui participe de son identité propre.
Les alignements d’arbres, quant ils traversent un cœur d’îlot, en accompagnement d’un passage piétonnier, voient leur ordonnancement troublé au profit d’une implantation aléatoire.
Ces plantations arborées par leur caractère caduc, faisant alterner silhouette hivernale, débourrement printanier, frondaison estivale et coloration automnale marquent le passage des saisons, et de ce fait évoque la très grande proximité de cette partie de la ville avec le territoire encore agricole et ses changements d’aspect au cours de l’année.
b) La strate herbacée implantée orientée nord sud.
Toutes les rues orientées nord sud qui descendent vers les cours d’eau sont végétalisées grâce à la présence d’une strate herbacée, elle aussi caduque.
Elle peut être composée de lignes de graminées, faites par exemple, de roseaux de Chine (Miscanthus sinensis). Des plantes vivaces (Gaura lindheimeri, Iris germanica, etc) peuvent s’ y associer.
Dans la rue de l’Industrie, ce sont elles qui matérialisent la ligne de bus en site propre avec sa piste cyclable.
Associées au traitement des eaux de ruissellement à ciel ouvert, dont le parcours guidé est magnifié, elles permettent de faire de la rue, le lieu du mouvement, du changement, de l’éphémère.
Par ailleurs, des épaisseurs de canne de Provence (Arundo donax) ont en charge la réalisation d’un véritable horizon de nature végétale pour le quartier, sur la frange ouest, le long de l’autoroute.
Du fait d’une implantation sur des merlons ou talus, leur perception à distance, dans la perspective des rues, en est renforcée.
Dans les rues du Mas Argelliers et Montels Eglise, ce sont elles qui paysage la ligne de bus en site propre avec sa piste cyclable.
Sur la frange est, des herbes de la pampa (Cortaderia selloana), sur des mouvements de sols, fabriquent une lisière végétale monumentale pour l’ensemble des immeubles donnant sur les voies ferrées, qui rythme, avec les lisères de roseaux de Chine et les épaisseurs de canne de Provence, la traversée du nouveau quartier d’ouest en est.
II- La végétation persistante et diversifiée des parcs publics et des jardins privatifs.
En contraste avec cette végétation caduque aux grands effets unitaires, la palette végétale employée dans les parcs publics et les jardins privatifs puise sa diversité dans les seules essences persistantes ou marcescentes.
L’accent est fortement mis sur cette notion de variété la plus grande possible.
Le but est d’offrir un contraste maximal avec les plantations des avenues, rues ou ruelles du fait de cette confrontation de texture, de couleur, de silhouette liées aux qualités différentes de ces deux types de végétation.
a) Les deux parcs publics.
Deux parcs publics sont implantés, l’un en frange sud du nouveau quartier, en continuité du projet existant de parc public de Combernale, au contact des quartiers de Tournezy et de Croix d’Argent, l’autre en frange nord, à proximité du quartier de Saint-Martin. Grâce à eux, le nouveau quartier cherche à nouer une solide relation urbaine avec les quartiers mitoyens, basée sur l’usage.
Le premier parc public a la vocation de servir de pépinière pour alimenter les plantations publiques du nouveau quartier qui vont s’échelonner sur une vingtaine d’années.
Il faut inventer un modèle de pépinière communale intra-muros à fort intérêt pédagogique, où les arbres destinés à arborer le nouveau quartier s’acclimatent, peuvent croître dans l’attente de leur plantation définitive, où les graminées et vivaces destinées à végétaliser les espaces publics, se renouvellent.
Il est souhaitable que ce parc puisse être l’objet d’un partenariat, à définir, avec la technopole «Agropolis » qui peut y tester des plantations plus expérimentales, en association avec les services techniques de la ville.
Le second parc public a la vocation est d’être un nouveau jardin botanique pour Montpellier, spécialisé dans la flore méditerranéenne.
Les familles des cèdres (Cedrus sp), des pins (Pinus sp), des cyprès (Cupressus sp), des chênes (Quercus sp), des palmiers et des oliviers y sont représentées dans toute leur diversité.
Grâce à sa morphologie, une colline, divers biotopes sont proposés issus d’expositions au soleil et au vent très variables.
Ainsi, les deux grands parcs du nouveau quartier sont en mesure de symboliser les liens anciens et contemporains que la ville de Montpellier a su tisser avec le monde végétal.
b) Les nombreux jardins privatifs.
Les trois règles qui président à leur conception sont :
– la recherche d’une très grande richesse de plantation, voire d’une rareté dans une évocation de l’histoire botanique prestigieuse de Montpellier, liée à l’existence du plus ancien jardin botanique en France ;
– la recherche d’une très forte densité de plantation, qui doit permettre de les faire apparaître comme des havres de verdure, frais et luxuriant, abrités du vent, depuis les rues ;
– la recherche d’un véritable étagement de végétation, qui implique l’emploi de toutes les strates de végétation, en particulier des formes en cépée ainsi que des plantes grimpantes, afin de fabriquer un réel volume de végétation, intéressant régulateur climatique.
La règle qui préside à leur implantation est un positionnement qui profite à l’espace public. C’est par exemple le cas lorsqu’ils sont positionnés de manière alternée de part et d’autre des voies nord sud.
Cette alternance permet :
– de rythmer la perspective des avenues, rues ou ruelles ;
– de multiplier les vis-à-vis verdoyants pour les immeubles ;
– de conforter la densité urbaine du quartier.
Ensemble, ils constituent un maillage d’îlots de végétation disséminés dans le quartier, relais des deux parcs publics.
C/ La topographie du nouveau quartier de la Restanque.
Il s’agit de rendre lisible une topographie pour laquelle les points hauts et points bas sont clairement perceptibles à l’échelle du quartier comme à celle de la parcelle afin d’ancrer l’urbanisation du nouveau quartier dans son territoire.
I- Le parc en relief.
Il fait écho à la Promenade du Peyrou, à l’ouest de la ville, dont la genèse est pour partie liée à la résolution d’une problématique d’ordre technique, l’arrivée de l’eau potable dans la ville.
Ici, en direction de l’est, une démarche environnementale, la volonté de ne pas exporter les terres générées par l’urbanisation du futur quartier, donne lieu à l’émergence d’un relief, au pied duquel coule le Lantissargues.
Il évoque les trois collines qui délimitaient naturellement le site originel de la ville à sa fondation en 985, ou l’étymologie même du nom de Montpellier, le mont des épices.
Il s’élève en pente douce en un ample mouvement de terrain, en direction du soleil levant, et vers la Méditerranée.
Sa morphologie différente sur chacune de ses flancs, des terrasses dominant le nouveau quartier au sud, un talus franc à l’est, un doux glacis à l’ouest, une pente descendante vers le Lantissargues au nord, permettent de créer autant de stations différentes pour le futur jardin botanique méditerranéen.
Une hypothèse d’élévation jusqu’à la cote 30.00, avec une pente de 3,5 % prenant naissance du côté du carrefour de la Perruque, permet de stocker un volume de terre de l’ordre de 200 000 m3 (soit l’équivalent approximativement de 7 ha de parking souterrain).
II- Le vocabulaire commun du gabion.
Le gabion, déjà fréquent à Montpellier en espace urbain (stade et théâtre en plein air), est le procédé de soutènement généralisé dans le nouveau quartier.
Par son existence maintenant ancienne, il a prouvé sa totale fiabilité, et est donc adapté à la durée de réalisation de cette nouvelle urbanisation.
De plus, les améliorations d’ordre esthétique, apportées plus récemment, en font un procédé concevable en milieu urbain.
Il participe à une forme d’identité et d’unité du nouveau quartier.
On le trouve ainsi dans les terrassements des espaces publics, terrasses du parc et berges de la rivière, comme dans ceux plus modestes, nécessaires à la réalisation des projets privés.
En conclusion, notre projet paysager traite finalement les questions vitales de l’eau, du végétal, de la terre.
Nous considérons qu’elles peuvent être au cœur de l’urbanité du nouveau quartier.
Sur ces sujets, nous voulons apporter des principes simples, compréhensibles de tous acteurs et habitants du futur quartier, comme le parcours de l’eau à ciel ouvert, comme le végétal acclimaté sur place, implanté en une trame caduque avec ses jardins persistants, comme les terres mises en forme sur le site même, pour une mise en œuvre viable dans le temps.
Ces principes s’inscrivent ainsi dans l’ambition de développement durable affichée par la ville de Montpellier pour ce nouveau quartier.